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Guerre 1914-1918 : La Marraine de guerre‏

Pendant la guerre, la France était partagée en deux. La région sud n’était pas envahie par les Allemands. Le nord connaissait l’occupation. De ce fait, les familles des combattants ne pouvaient communiquer avec eux. Beaucoup étaient sur le front, dans les tranchées, à Verdun, sur la Marne. Pour eux pas de courrier des épouses, des enfants, des parents, pas de colis pour améliorer la pitance ... Rien !

Mlle Maline (à droite) et sa soeur (au centre).

Des personnes émues par tant de détresse, de misère, ont décidé d’adopter, le temps de la guerre, un filleul, qu’elles se promettaient d’aider.

Mon Père, Alexandre Dauphin, de Bouvignies, et ses autres frères, Fernand, Rémi et Georges ne pouvaient communiquer avec la famille. Je pense que c’est Rémi qui a été choisi le premier par Mademoiselle Maline, d’Aubagne et sa sœur. Elles sont entrées en relation avec les 4 frères. Il me reste du courrier entretenu avec elles. Mon père évoquait souvent son arrivée à Aubagne.

Gare d’Aubagne.

Tout d’abord les embrassades, bain obligatoire dans un abri de jardin, les vêtements militaires empaquetés à la porte de celui-ci étaient illico envoyés à la désinfection pour détruire la vermine attrapée dans les "gourbis". Des vêtements propres préparés sur une chaise changeaient le militaire en civil. Après quoi, restauration, échange d’idées, promenades en ville, réception dans la famille. Le petit neveu ne comprenait pas mon père, un ch’ti ! "Pourquoi tu ne parles pas pointu ?", et lui de répondre : "qu’il est maigre, ce chien, il ne mange que des pointes", avec l’accent bien entendu. Chaque fois qu’Alexandre le pouvait, il rejoignait Aubagne. Et ceux de la famille avaient les mêmes privilèges. Ils repartaient sur le front avec du ravitaillement, de l’argent, du linge propre. Mademoiselle Maline leur écrivait chaque fois que cela était possible. "Une marraine généreuse".

A la fin de la guerre, Alexandre revient du sud tunisien où, par sa formation de couvreur, il a installé des bessons (hangars d’avions).

Vue de Gabès.

Sa première escale est Marseille, il rejoint Aubagne où il fête la fin des combats. Mademoiselle Maline continuera d’écrire à ma grand’mère Maria Leconte pour avoir des nouvelles de ses 4 filleuls. Au mariage de mon père, elle offrira un cadeau (un bronze) et des fleurs, ainsi qu’à ma naissance. J’ai envoyé des vœux chaque année, dès que j’ai su écrire. Et quand je suis entrée à l’EPS de Gondecourt, en 1938, sa sœur et elle m’ont confectionné un manteau, une robe bleu marine (la couleur de l’uniforme). Mon père n’a pu accompagner sa sœur et son mari lorsqu’ils sont allés à Aubagne, il était alors gravement malade des suites de la guerre, ayant eu les pieds gelés, les poumons gazés en plus du paludisme.

La Marraine de guerre, femme de l’ombre, a apporté aux poilus réconfort, amitié, redonnant le moral, le goût de vivre à ceux qui désespéraient de voir la fin de cette tuerie.

Article écrit par Solange Milville Dauphin, 89 ans.

Publié le jeudi 3 décembre 2015

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